lundi 27 avril 2015

L’équilibre homéostatique


Le physiologiste américain Walter Bradford Cannon (1) publia en 1932 “The Wisdom of the Body” (2), titre inspiré d’un discours auquel il assista en 1923. Cet ouvrage phare, portant sur l’homéostasie et les mécanismes régulateurs sous-jacents, est à la fois un hommage à l’éminent médecin et physiologiste français Claude Bernard (1813-1878) qui fut le premier à introduire le concept de milieu intérieur.

Mais qu’est-ce que l’homéostasie?

L’homéostasie est la capacité que possède un organisme vivant ou encore un système organisé quelconque à s’autoréguler afin de maintenir son équilibre interne malgré les variations, contraintes ou conditions extérieures.

Une cellule, par exemple, est un microsystème hautement organisé, un milieu dynamique aux frontières poreuses capable d’autoréguler ses échanges avec le « monde externe », lui permettant ainsi de contrôler des facteurs déterminants, comme la concentration saline par exemple, un ratio essentiel à sa survie et à son fonctionnement.

Le principe d’équilibre homéostatique met en évidence la stabilité du milieu interne de l’organisme vivant, l’autorégulation des processus physiologiques et le rôle fondamental du système nerveux autonome.

Cette découverte a par ailleurs ouvert la voie à la notion de stress, ou facteur de tension, à l’origine des déséquilibres et pathologies, à l’influence des émotions sur les fonctions autonomes ainsi qu’aux effets perturbateurs sur la santé. 

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(1) En plus d’être le précurseur du principe de combat et de fuite (« Fight or Flight »), Walter Bradford Cannon (1871-1945) a également contribué au développement des théories sur les émotions, proposant avec Philip Bard une perspective psycho-physiologique (théorie Cannon-Bard).

(2) En français La sagesse du corps, paru en 1946.

lundi 20 avril 2015

Surprise et soubresaut


Il a été question antérieurement d’un réflexe émotionnel profondément ancré dans l’organisme humain, le dégoût (voir Piloérection et horripilation). Notons à cet égard qu’il en existe un autre tout aussi fondamental à la nature émotionnelle de l’être humain, celui de la surprise.

Le dégoût et la surprise apparaissent habituellement à la liste des émotions primaires aux côtés de la peur, la joie, la colère et la tristesse*. Universelles, ces émotions ne connaissent pas de frontières géographiques ou socio-culturelles, étant intrinsèques à la nature humaine.

Parmi ces six émotions de base cependant, le dégoût et la surprise font tout de même classe à part. À l’instar des réflexes musculaires, il s’agit de mouvements involontaires du corps, étant a priori des réactions automatiques dépourvues de contenu affectif. Pour cette raison, on pourrait les désigner réflexes émotionnels.

Intimement liée à la peur, à la stupeur ou à l’étonnement, la surprise s’accompagne d’un mouvement spasmodique qui a l’effet d’un véritable choc sur le corps. Telle une secousse somatique, le soubresaut sert ultimement à mobiliser l’organisme en vue d’une action immédiate. Par sa brusque et soudaine contraction musculaire, le sursaut revigore. Il saisit l’individu en entier, le happe d’un regain d’énergie, lui permettant ainsi de se redresser et de réagir promptement.

Alors que les émotions sont accompagnées d’un ressenti positif ou négatif, les réflexes émotionnels sont a priori neutres, c’est-à-dire dénués d’affect. S’ensuit toutefois une réaction immédiate, le réflexe émotionnel cédant sa place a posteriori à l’émergence d’une émotion. Positive ou négative, celle-ci est largement déterminée par le déclencheur lui-même, par sa nature « agréable » ou « désagréable ».

Bref, la surprise est toujours un événement inattendu, mais elle n’est pas toujours un cadeau.


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*La liste des émotions primaires varie selon les auteurs et théoriciens des émotions. Ces six émotions fondamentales font toutefois l’unanimité.

lundi 13 avril 2015

L’intelligence ou les intelligences?


Les tests servant à mesurer l’intelligence humaine affluèrent aux États-Unis au début du 20ième siècle. Développés par des hommes de race blanche issus de milieux favorisés, ces outils, à l’origine, dévoilaient beaucoup plus les différences culturelles et socio-économiques entre les individus que l’intelligence à proprement parler. Standardisés depuis, ils servent essentiellement à mesurer des fonctions cognitives.

Une question fondamentale demeure toutefois, qu’est-ce que l’intelligence? C’est là une notion fort complexe puisque l’intelligence se manifeste sous diverses formes dont certaines sont difficilement mesurables.

La théorie des intelligences multiples, par exemple, publiée en 1983 par le psychologue américain Howard Gardner, en identifie à elle seule neuf : l’intelligence logique ou mathématique, spatiale, linguistique, kinesthésique, musicale, interpersonnelle, intra-personnelle, naturelle et existentielle.

Dans les années 90, surgit également le concept d’intelligence émotionnelle grâce aux travaux du psychologue américain Daniel Goleman. Dès lors, et principalement en raison du développement technologique permettant de visualiser les réseaux neuronaux activés dans les processus somato-cognitifs, les études portant sur les émotions, plus précisément sur le « cerveau des émotions », connaissent un véritable essor.

Mais existent-ils d’autres formes d’intelligence encore insoupçonnées?

Les animaux, on le sait, sont très intelligents. Munis pour la plupart d’un tout petit cerveau, ils opèrent fondamentalement grâce à leurs instincts et pulsions. Pour d’autres organismes vivants, cette intelligence n’a absolument rien à voir avec la cervelle ou même sa taille puisqu’ils en sont dépourvus. C’est le cas de la méduse.

Dotée de quelques cellules nerveuses connectées à un système sensoriel des plus raffiné, la méduse ne pense pas, elle réagit. Constitué à 98% d’eau, ce féroce prédateur aux apparences trompeuses vit en parfaite symbiose avec son environnement et ces variations, faisant de cet organisme vivant, apparu il y a plus de 650 millions d’années, l’un des plus anciens de la planète. Contrairement aux dinosaures, les méduses ont survécu, démontrant une étonnante capacité d’adaptation, et donc de survie, une force intrinsèque à l’intelligence vitale.

Le mouvement vital n’est-il pas la plus haute forme d’intelligence qui soit? Son expression absolue? Or, la Vie ne se mesure pas, elle se déploie tout simplement.