lundi 19 octobre 2015

Le talon d’Achille


En Grèce antique, Achille aurait été plongé dans les eaux du Styx par sa mère qui voulait le protéger de la mort. Le tenant par la cheville durant l'immersion, cette partie du corps demeura vulnérable, d’où l’expression le talon d’Achille.

Le talon d’Achille exprime une zone de grande vulnérabilité, un point faible physique ou psychologique pouvant mener à sa perte. Certains tentent tout simplement d’ignorer cette faiblesse, d’en faire fi, tandis que d’autres se munissent d’une puissante carapace sous forme d’apathie ou d’insensibilité, physique ou affective, pour mieux pallier au manque (à ce propos, vous pouvez aussi consulter « L’hypersensibilité »).

Or, le talon d’Achille peut également dissimuler une force inestimable. Plus souvent qu’autrement, c’est de cette zone fragile que surgit la résilience, une force capable de renverser toute situation.

Ce point faible peut donc en réalité être le point de départ d’une réelle transformation (voir aussi Muer ou changer de peau). De toute évidence, cela exige un véritable effort, un investissement de longue haleine ou en profondeur. Pour citer Boris Cyrulnik, éthologue et psychiatre français bien connu pour ses ouvrages sur la résilience : « Une vulnérabilité affective peut se transformer en force affectueuse, à condition d’y mettre le prix » (1).


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(1) Un merveilleur malheur (1999). Paris: Odile Jacob, p.92.

lundi 5 octobre 2015

Freeze! Le figement


Le mouvement attire le regard. C’est le stimulus le plus fondamental du sens de la vision. Pour cette raison, face aux dangers ou à une menace probable, l’être humain fige. Aux côtés des réactions de combat et de fuite, c’est là une des réactions automatiques du corps servant l’instinct de survie.

D’un point de vue évolutif, le figement est la réaction la plus primitive du corps humain et animal. En plus de prévenir la détection, l’immobilisation facilite le camouflage.

C’est l’émotion de la peur qui est responsable de son déclenchement. On dit par exemple être « glacé de peur », « blanc de peur » ou encore, en anglais, « Frozen like a deer in headlights ». Dominante, froide et extrêmement puissante, la peur paralyse le corps. Elle glace le sang, avorte tout mouvement et inhibe même certaines fonctions vitales, comme la faim et la digestion par exemples (voir aussi La peur au ventre). En infligeant une immobilisation, un arrêt subit et immédiat de tout mouvement, l’émotion de la peur sert ultimement un rôle de protection.

Tout comme les réactions automatiques de combat et de fuite, le figement est gouverné par le système nerveux sympathique. Mais contrairement aux deux autres réactions, l’individu est paralysé et les mouvements corporels deviennent impossibles.

Or, sous le couvert de l’immobilité, l’organisme subit néanmoins une forte activation physiologique. Il s’agit là d’un état interne de haute alerte, un engagement physiologique intense, mobilisant toute l’attention. Autrement dit, malgré l’absence de mouvement externe, la personne se retrouve sous haute activation interne.

Physiologiquement parlant, les réactions automatiques du corps de combat, de fuite et de figement s’opposent à la réaction d’évanouissement régie pour sa part par le système nerveux parasympathique (voir aussi S’évanouir ou fuir sans courir).

Inscrites en nous à différents degrés et selon les contextes, il reste à savoir si vous êtes plus sympathique ou parasympathique.