On
retrouve dans la Nature de nombreux mouvements instinctifs, comme le
comportement agressif des mâles durant la période de reproduction chez certaines espèces, ou encore la danse communicatrice
des abeilles (voir La danse odorante des abeilles).
Ne
nécessitant aucun apprentissage ou coaching d’un congénère (1), ces
comportements innés ont été mis en lumière par le biologiste et éthologue
autrichien Konrad Lorenz (1903-1989) (2) qui, en étudiant le comportement des
animaux sauvages et domestiques, les a nommés action fixe ou schème
d’action spécifique, soit une
séquence comportementale instinctive indivisible qui se produit jusqu’à son
achèvement. Pour ainsi dire « câblés », ces rites surgissent pour la
plupart en réponse à une stimulation sensorielle externe.
L’un
de ces étonnants mouvements instinctifs est la parade nuptiale, un comportement
exhibé par un animal dans le but d’attirer un partenaire sexuel. D’emblée, le paon déployant son éblouissant et captivant plumage nous vient à l’esprit. Or,
ils sont nombreux à pratiquer ces danses d’accouplement, plus inusitées les
unes que les autres, tant chez les insectes, les oiseaux, les poissons, les mammifères
marins que terrestres, étant généralement déclenchées par un stimulus clair, la
présence de la femelle (3) (voir aussi Les phéromones ou la chimie des peaux).
Chez l’humain,
on retrouverait des comportements semblables dans le jeu de la séduction. Certains
chercheurs comparent même la femme jouant avec une mèche de ses cheveux en
présence d’un homme à une forme de parade nuptiale (voir aussi Cheveux, poils et pilosité politique). Chez les animaux cependant, ce
sont habituellement les mâles qui exécutent mille et une prouesses afin d’impressionner
la femelle et obtenir son approbation.
Largement
étudié par l’anthropologue américaine Dr. Helen Fisher, les comportements de séduction
chez les humains stimulent la sécrétion de dopamine, un neurotransmetteur fondamental
aux comportements servant à la
survie de l’espèce comme manger et se reproduire par exemples (voir aussi Plaisir et dopamine).
Au
final, danser l’amour permet non seulement à l’espèce de survivre, mais à
l’individu de mieux vivre.
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(1)
Certains animaux, comme les choucas par exemple, n’ont pas une connaissance
innée de leurs prédateurs et doivent apprendre à les reconnaître en observant
les individus plus âgés, et donc expérimentés, de leur groupe (Lorenz, 1969).
(2) Prix Nobel de physiologie ou médecine en 1973, partagé avec Karl von Frisch et
Nikolaas Tinbergen, Konrad Lorenz s’est entre autres intéressé à l’instinct, à
l’empreinte ainsi qu’à l’agressivité, concepts ayant eu une portée
significative en psychologie, les études portant sur l’attachement notamment.
Il est l’auteur de nombreux ouvrages dont L'Agression,
une histoire naturelle du mal (1969, 2010) aux éditions Flammarion.
(3) On
peut observer diverses danses de l’amour dans le coloré documentaire « Les Animaux amoureux » (2007) de
Laurent Charbonnier.
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Chronique d'un corps prend définitivement congé. N'hésitez pas à consulter les archives du blogue...