Une intelligence remarquable, ou encore des
capacités intellectuelles exceptionnelles, n’ont jamais été considérées une
mauvaise disposition. Bien au contraire. On salue et récompense sans cesse les
facultés cognitives hautement développées. Les connaissances intellectuelles, le
raisonnement logique et mathématique ont toujours remporté la palme. Mais lorsqu’il s’agit du corps et de
certaines habiletés surdéveloppées, on entre bien souvent, malencontreusement,
dans le monde de la pathologie. C’est le cas, entre autres, de l’hypersensibilité.
Pourtant, tout être vivant est un être
sensible (1), la sensibilité étant une propriété
que possède un organisme vivant, ou même un organe, à réagir sous l’effet d’une
excitation (2). Il s’agit donc d’une aptitude, d’une
capacité à détecter une émotion ou de faibles variations ambiantes, par l’usage
d’un capteur notamment (2).
Or dans le monde des sensations et des
émotions humaines et animales, ce capteur est nul autre que le corps. Semblable
au baromètre, le corps est un précieux et sensible instrument vibrant, capable
de détecter, de mesurer et d’évaluer les stimuli présents dans l’environnement,
ce milieu éthéré dans lequel nous baignons, et leurs subtiles fluctuations.
Doté d’une immense intelligence qui lui est
propre, l’intelligence kinesthésique, le corps parvient à sentir, à ressentir,
voire pressentir les ambiances, les atmosphères, les messages non-verbaux et
les non-dits, sous forme d’impressions ou de fortes sensations viscérales qui tissent
cette profonde conviction, cet intime savoir inexplicable que nous appelons intuition.
Autrement dit, le corps et ses habiletés somatiques sont
à l’intelligence kinesthésique ce que le cerveau et ses fonctions sont à
l’intelligence cognitive, soit un ensemble de tissus nerveux hautement sophistiqué et organisé servant au traitement de l’information des milieux interne et externe de l’organisme.
Alors que les émotions sont des mouvements internes du corps humain, la sensibilité, elle, relève de l’intelligence
kinesthésique. C’est grâce au système sensoriel et à une fonction kinesthésique
des plus raffinés, le ressenti, permettant à l’instrument corporel de frémir
sous l’émergence d’une émotion, que le corps accomplit cette mission.
Dans ce contexte, l’hypersensibilité est
donc la manifestation d’une fonction corporelle surdéveloppée, une fonction
kinesthésique « haute définition ». Se situant aux antipodes de l’apathie
sur l’échelle de la conscience corporelle (voir Apathie et états dissociatifs), l’hypersensibilité démontre une
extraordinaire capacité à capter les informations en provenance de
l’environnement.
En plus de faire preuve d’une empathie hors
du commun, les hypersensibles, ou les hyperémotifs comme on les surnomme
généralement, sont facilement émus, touchés ou affectés par ce qui passe autour
d’eux, et donc en eux. On les dit à fleur de peau, trop émotifs ou même fragiles,
leur hypersensibilité étant perçue, à tort, comme une faiblesse de caractère (3).
En réalité, leur instrument est plus sensible que d’autres, mieux
« accordé » en quelque sorte, ou tout simplement plus efficace, plus
« performant ».
Tout le monde peut jouer du violon.
Seulement, certains ont entre les mains un Stradivarius. Ça résonne autrement.
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(1) Les animaux sont des êtres sensibles - À cet effet, je vous invite à consulter le manifeste sur la
reconnaissance des droits des animaux comme être sensible ainsi qu’à signer le Manifeste pour une évolution du statut
juridique des animaux dans le Code civil du Québec
en consultant le site « Les animaux ne sont pas des choses ».
(2) Définitions du dictionnaire.
(3) Dans certains cas, l’hypersensibilité
est à la source d’un trouble de l’humeur.