Considéré le « père de la
médecine », Hippocrate (460-370 av. J.-C.) a été le premier à s’intéresser
au rôle du corps humain dans la pathologie, rejetant ainsi les croyances et les
superstitions de l’époque qui expliquaient la maladie par la présence de forces
surnaturelles ou maléfiques.
L’une de ses théories concernait l’humeur, le terme provenant du latin umor issu du grec umeros signifiant liquide. Selon Hippocrate, la santé du corps et de l’esprit est tributaire d’un
équilibre entre les principaux « fluides du corps ».
La théorie des humeurs, ou
l’humorisme, expliquait la maladie physique et
mentale par un déséquilibre entre les quatre principales « humeurs »
qu’abrite le corps humain : le sang, la lymphe, la bile jaune et la bile
noire. Chacun d’entre eux était associé aux quatre éléments fondamentaux de
l’Univers (l’eau, la terre, le feu et l’air) portant eux-mêmes des
caractéristiques distinctes. Un tempérament orageux, par exemple, s’expliquait
par un excès de bile jaune, et donc un individu enclin à la colère, dit bilieux,
alors que la mélancolie, en revanche, découlait d’une bile noire prédominante.
Ayant perdu le sens de « fluide
corporel » au 19ième siècle, le terme humeur est conservé dans le langage courant pour évoquer les émotions ou une disposition affective comme dans l’expression être de
« bonne » ou de « mauvaise » humeur. Aujourd’hui, il sert à
désigner un état d’âme passager ou persistant.
Quoique de source étymologique distincte,
on retrouve également le terme thymique en lien
avec l’humeur et les émotions comme la cyclothymie (trouble de l’humeur) ou
l’alexithymie (difficulté à exprimer verbalement les émotions). (Voir Le cœur et l’attachement pour en savoir plus sur le thymus).
Même si la thèse hippocratique s’est avérée
incorrecte, on reconnaît tout de même aujourd’hui le rôle prépondérant que
jouent les différents « fluides du corps », comme les hormones ou
neurohormones, les neurotransmetteurs, les peptides et les ligands, sur la santé,
l’humeur et ses fluctuations.