Plusieurs termes issus de la psychologie et de la
psychanalyse, comme les divers mécanismes de défense par exemples, font maintenant partie du langage courant. Par contre, certains mots sont trop
souvent galvaudés, perdant ainsi leur sens véritable. C’est le cas notamment
des termes « trauma », « traumatisme » (un magazine
publiait récemment un article sur les cheveux « traumatisés ») ou encore
le mot « psychosomatique ».
Plusieurs croient à tort qu’une condition ou maladie
dite psychosomatique n’est pas réelle, n’existant que dans la tête de la
personne, sorte de fabulation ou de malade imaginaire. Bref, « ne cherchez
pas docteur, c’est dans la tête ».
En réalité, il n’en est rien. Du grec « psyche » désignant
âme ou esprit, et « soma » voulant dire corps, le terme psychosomatique signifie qu’il existe un lien étroit entre la psyché
et le corps, c’est-à-dire entre les facteurs psychologiques, cognitifs et/ou
mentaux et l’apparition des symptômes physiques.
Les émotions, le stress ainsi que certains états affectifs
passagers comme l’angoisse, l’anxiété ou la dépression notamment, possèdent tous
des composantes psychosomatiques reconnues par la science, capables de provoquer ou
d’exacerber les symptômes physiques.
Cette communication bidirectionnelle entre le corps et
l’esprit a toujours existé. Seulement, en raison des influences de
l’Église au 17ième siècle, se réservant toute question relative à
l’âme ou à l’esprit, les chercheurs et scientifiques de l’époque se sont vus
contraints de diviser l’être humain en deux champs d’études distincts.
Même si la perspective cartésienne persiste toujours (voir La tête vs le « reste du corps »), on reconnaît néanmoins aujourd’hui que l’organisme humain
est un être global dont les systèmes internes - cognitifs, émotionnels,
physiques et transpersonnels – interagissent entre eux et s’influencent
mutuellement : « Ce n’est pas seulement la séparation entre esprit et
cerveau qui est un mythe : la séparation entre esprit et corps est
probablement tout aussi inexacte. On peut dire que l’esprit est fondé sur le
corps, et pas seulement sur le cerveau » (1).
Le psychosomatique
n’est donc pas dans la tête. Il est bien ancré dans le corps, le
« corps-esprit » ne formant qu’un seul être, une unité globale dite
psycho-corporelle ou psychosomatique (2).
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(1) Damásio, A. (2008). L’erreur de Descartes - La raison
des émotions. Paris: Odile Jacob; p.157.
(2) La branche de la psychologie somatique s’intéresse à ce lien intime entre le corps et
l’esprit.