À l’époque des Grecs, le corps était
célébré pour sa force et ses capacités physiques. On le constate notamment par
la tenue des Olympiques ou encore dans les arts - la sculpture en particulier,
où le corps apparaît massif et puissant. La beauté du corps reposait
inévitablement sur sa structure et ses habiletés.
Aujourd’hui, c’est l’image du corps qui
prime. Depuis l’avènement de l’espace virtuel, l’intimité est devenu pour
plusieurs un espace public (voir aussi Être dans sa bulle) au centre duquel l’individualisme, l’égocentrisme et le
narcissisme règnent glorieusement. L’être narcissique recherche toujours son
propre reflet dans le regard de l’autre, au détriment du développement de
forces intérieures. Quoi de plus accessible, somme toute, que de briller sous les feux
de projecteurs virtuels à coup de « j’aime ».
Outre l’étalage de ses goûts et de ses
préférences en matière de musique, cinéma, etc., des révélations personnelles
et des exhibitions de toutes sortes, les « selfies » pullulent. La perche à égoportrait (« selfie stick ») est le nouveau gadget à la mode et les « I-machins » se multiplient avant les besoins.
Dans une société dite moderne, où le
« je » est roi, ce qui compte c’est la diffusion de l’image du corps,
soit une représentation bidimensionnelle, généralement tronquée ou retouchée,
servant à attirer le regard de l’autre et faire grimper sa
« popularité » jusqu’à la « célébrité ».
Au 21ième siècle, bref, plus
besoin d’accomplir quoi que se soit, de penser ou même de réfléchir. Exister,
c’est être vu.
Une image vaut-elle encore mille mots?