“Some people just
get under your skin”. Cette expression du langage, dont on pourrait traduire l’essence par
le mot horripilation, décrit parfaitement cette
réaction à la fois physiologique et psychologique qui se produit lorsqu’une
personne ou une situation nous agace fortement. On dit aussi que ceci nous énerve ou tombe
sur les nerfs. Quoiqu’il en soit, quelle que soit la cible ou la destination
finale, pour parvenir jusqu’à nous, le message passe inévitablement par la
peau.
Organe le plus étendu du corps humain, la
peau est un remarquable conducteur de sensations tactiles, d’informations
chimiques, électriques et d'autres stimuli relevant du sens du toucher et de la
sensibilité (voir aussi Muer ou changer de peau).
Frontière poreuse entre l’intérieur et
l’extérieur du corps, entre soi et l’autre, la peau est également une membrane
sensible au contact que nous avons avec le monde externe. Le froid donne la
chair de poule, la peur aussi.
À sa manière, et dans un langage qui lui
est propre, la peau parle constamment. D’un côté, elle révèle notre état
intérieur, exprime nos émotions, met à jour nos sentiments, comme les rougeurs
de la timidité, de la honte ou de la colère par exemples. Bref, elle rend visible
l’invisible. De l’autre, elle nous informe sur ce qui se passe dans notre
environnement, sur la qualité de ces échanges que nous avons avec autrui sous
forme de marques et d’impressions.
L’horripilation, quant à elle, se manifeste
par un courant froid et désagréable traversant une partie du corps juste en
dessous de l’épiderme. Infligé par la peur, le mépris ou le dédain, ce frissonnement
inconfortable est un signal clair dans le langage du corps, celui de la
répulsion.
Accompagnée d’un sentiment d’effroi, cette
réaction soudaine et particulièrement intense parvient à elle seule à redresser
les poils du corps (piloérection) en plus d’éveiller un profond et puissant réflexe émotionnel, sans aucun doute le plus primitif de l’organisme
humain, le dégoût. Ce dernier prenant naissance dans les
profondeurs de l’antre guttural, la nuque est généralement la première région
touchée par cette vague glaciale sous-cutanée provoquant ainsi un crispant haussement
des épaules, d’où la sensation de frisson dans le dos.
Mobilisant d’entrée de jeu la bouche en
tirant vers le bas ses extrémités, le dégoût provoque momentanément une forte aversion
indiquant sans équivoque une source hautement toxique, potentiellement
empoisonnée, qu’elle soit alimentaire ou socio-affective.
Tel un cri sourd cutané, l’horripilation
laisse toujours un arrière-goût dans le corps et à la surface de la peau.