lundi 15 septembre 2014

Être dans sa bulle (2ième partie)


Nous possédons deux bulles, l’une physique, l’autre mentale. La première est la kinésphère. C’est l’espace accessible au corps et ses membres, autrement dit, l’espace personnel (voir Être dans sa bulle, 1ère partie). L’autre bulle, elle, est psychologique. Elle désigne tout simplement la sphère mentale de la concentration.


La bulle mentale – attention et concentration

À l’exception de l’abus psychologique, - où encore une fois, comme c’est le cas dans la dimension physique, l’agresseur s’immisce dans l’espace personnel de sa victime, « entre dans sa tête » pour mieux manipuler ses pensées et influencer ses actions -, c’est habituellement nous qui laissons entrer les autres dans notre sphère mentale. Cela a pour effet de distraire, de préoccuper, de détourner l’attention, bref, d’avoir l’esprit ailleurs.

Véritable cocon psychologique, la bulle mentale est le siège de la concentration. En anglais, on l’appelle également « the zone ». « To be in the zone » veut dire être concentré. Plusieurs athlètes, par exemple, disent écouter de la musique avant une compétition « to get in the zone », atteindre une concentration optimale.

Cette zone, cette sphère psychologique, est l’espace mental où toute l’attention est portée sur un seul et même objectif, mobilisant ainsi les ressources de l’organisme. Occupant pleinement l’espace-temps, l'instant même, cette présence de corps et d’esprit permet de canaliser toute son énergie physique et mentale à l’accomplissement d’une tâche ou d’une réalisation. À son apogée, cet état de pleine concentration peut engendrer une expérience optimale, ou flux*, durant laquelle l’absorption est complète.

Pour y parvenir, l’élimination des distractions ambiantes est souhaitable. Réduire la stimulation sensorielle favorise en effet l’émergence d’un espace mental propice à la concentration. D’une certaine façon, nous appliquons déjà ce principe selon les lieux et les circonstances comme écouter sa musique préférée dans un endroit public, fermer les yeux dans l’autobus ou le métro pour relaxer, ou encore utiliser des bouchons pour les oreilles afin de lire ou de travailler dans un espace bruyant. En fait, tous les moyens sont bons pour diminuer, voire anéantir, les sources externes de stimuli, les sens de l’ouïe et de la vision étant les principaux concernés.

Outre la concentration, la bulle mentale sert également de lieu de vie privilégié, un espace intime et sécurisant où il fait bon se réfugier pour être en paix, réfléchir, méditer, créer, visualiser ses rêves ou le monde idéal, ou encore nourrir son imaginaire.

Seulement, il faut porter attention au contenu de cette sphère psychologique car c’est aussi dans cet espace clos que naissent et s’entretiennent les ruminations de toutes sortes, les pensées obsessives et les boucles mentales anxiogènes pouvant conduire aux crises d’angoisse et aux attaques de panique.

Néfastes et épuisants, ces états de haute tension interne dispersent l’attention et l’énergie dans tous les sens, parvenant à coup sûr à faire éclater sa bulle. 


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*De l’anglais Flow, du psychologue Mihaly Csikszentmihalyi.