Une promenade avec notre chien peut parfois
s’avérer embarrassante. Chez la gent canine, toute rencontre avec un autre membre de son espèce implique nécessairement des reniflements mutuels
des « extrémités ». Or, en se humant à cœur joie et sans aucune réserve,
nos fidèles compagnons procèdent essentiellement à un échange d’informations.
Les phéromones sont des substances
chimiques qui agissent comme « messagers » à l’intérieur d’une même
espèce. Elles sont comparables aux hormones, issues du même système
endocrinien ou neuroendocrinien. Alors que les hormones circulent à l’intérieur
du corps, sécrétées par des glandes dites endocrines, les phéromones, elles, se
trouvent à l’extérieur du corps, émanant de glandes exocrines. On les
retrouve entre autres dans la salive, l’urine, les fèces, les sécrétions
vaginales, ou encore à la surface de la peau en raison des glandes sudoripares.
Chez les animaux, les phéromones servent une
fonction biologique essentielle à la reproduction. Doté d’une glande
voméro-nasale responsable de leur traitement, c’est grâce aux odeurs que
l’animal choisit le partenaire sexuel le plus favorable.
Chez les crocodiles, par exemple, durant la
période de rut, les femelles libèrent des phéromones dans l’eau pour indiquer
au mâle alpha, chef de la hiérarchie, qu’elles sont prêtes pour
la copulation. Après que celui-ci ait complété un rituel faisant la
démonstration de son pouvoir, la femelle décide alors si la copulation aura
lieu ou non (à ce sujet, voir aussi Parades nuptiales; à venir).
Il en est
de même chez les cervidés où un « échange » d’urine entre le mâle et
la femelle a lieu sur le territoire avant l’accouplement. Muni d’un réflexe
voméro-nasal appelé flehmen*, le mâle flaire les phéromones
contenues dans l’urine de la femelle en gonflant les lèvres tout en soulevant légèrement la
tête.
Chez les humains, en revanche, cet appareil
voméro-nasal aurait disparu depuis belle lurette, atrophié par l’évolution du
cerveau. Sujet à controverse, le rôle des phéromones chez les humains reste à
être démontré. Selon plusieurs scientifiques néanmoins, il existerait un
reliquat de l’organe et sa connexion au cerveau. Les odeurs humaines, la sueur
notamment, contiendraient des informations chimiques, et même génétiques, qui
expliqueraient l’attirance physique. Ces mêmes effluves seraient responsables
de la synchronisation des cycles menstruels chez certaines femmes.
Si les phéromones étaient prouvées chez
l’humain, peut-être expliqueraient-elles nos affinités avec quelqu’un, ou à
l’inverse, notre incapacité à le « sentir » (voir aussi Subodorer).
Comme quoi parfois, la chimie entre les corps s’exerce, ou non.
Comme quoi parfois, la chimie entre les corps s’exerce, ou non.
-------------------------
*Mot allemand, se dit aussi muser en français.