Être gauche signifie être
de travers ou maladroit. Essentiellement, ça veut dire être mal-à-droite.
On méprise depuis fort longtemps le côté gauche du corps, ou
hémicorps gauche, portant sur lui (et en lui) une connotation négative. Considéré
indigne et malhabile, il incarne l’impur, le mal, le « mauvais » côté
du corps, et par extension, celui de la nature humaine. Se lever du pied
gauche, par exemple, veut dire se lever de
mauvaise humeur.
Par opposition, l’hémicorps droit est le « bon »
côté du corps humain. À la fois dominant et respectueux, il représente l’habileté,
la rationalité et même la « droiture » de l’être humain. Le bras
droit de quelqu’un, par exemple, signifie
son successeur, son assistant. Il renvoie à une personne de confiance, à sa
loyauté et son honnêteté.
Incarnant la moitié digne du corps humain, l’hémicorps droit
est donc présenté, utilisé ou mis de l’avant
dans nombreuses coutumes, traditions et gestes quotidiens. On utilise la main
droite pour serrer celle de l’autre, pour prêter serment, ou encore pour
recevoir un sacrement. Plusieurs religions requièrent en effet que les gestes
de prière et les rituels d’oraison soient exécutés avec le côté noble du corps.
Alors que le corps est bilatéral, et ce jusqu’au cerveau -
outre les hémisphères, on retrouve en effet de nombreuses structures paires
dans l’encéphale comme l’amygdale, le thalamus et l’hippocampe notamment - (à ce sujet voir aussi Les deux font la paire), le côté
gauche du corps demeure le mal-aimé de la bilatéralité corporelle.
Mais le plus fascinant dans cette histoire, et à la fois
paradoxal, c’est qu’en raison de la décussation, le croisement du système
nerveux qui explique qu’un hémisphère cérébral commande et gère les
informations de la moitié opposée du corps, l’hémicorps gauche est contrôlé par
l’hémisphère droit du cerveau.
Siège préférentiel du traitement de l'image et de la
communication non-verbale, l’hémisphère droit
est prisé depuis plusieurs années pour ses facultés hautement recherchées comme
les habiletés spatio-temporelles, la compassion et la
créativité.
Faut-il aussi le mentionner, un des plus grands artistes et
créateurs que le monde ait connu était lui-même gaucher. Léonard de Vinci était
pourtant loin d’être gauche.