L’annonce d’une mauvaise nouvelle, la mort
d’un proche ou l’arrivée d’une catastrophe par exemples, a l’effet d’un
véritable choc sur l’être humain. Saisi par la nouvelle, ébranlé par les
événements, du coup, tout semble irréel. Suivant l’initial état de choc et son
arrêt du temps, s’installe ensuite un état second. Malgré ses apparences, cet état transitoire relève de
l’intelligence même de l’organisme humain et de sa grande capacité d'adaptation.
Il n’est pas question ici de dissociation
au sens propre du terme, durant laquelle l’esprit est ailleurs,
« détaché » du corps physique, et plus souvent qu’autrement, loin
d’une douleur physique ou morale intense. Dans le cas présent, l’état second
fait plutôt référence à un état dissociatif de moindre intensité ressenti comme
un état de « suspension ».
Comme si l’âme était en retrait, décalée du
corps physique, l’état second s’apparente à un déphasage entre le corps et
l’esprit durant lequel l’espace-temps prend de l’expansion, d’où cette impression
de ralentissement du temps accompagnée d’une sensation de conscience altérée.
Le corps physique, lui, apparaît « éthéré » ou même inhabité. Abasourdi par l’impact de la terrible
nouvelle, il subit un réel engourdissement. À l’instar d’une anesthésie, les
symptômes physiques habituels (anxieux, dépressifs, somatiques, etc.) sont eux
aussi altérés, voire suspendus temporairement.
Muni en quelque sorte d’un « pilote
automatique », l’organisme humain maintient ses fonctions de base durant
cet état transitoire. Le corps évolue lentement, suivant des réflexes et des
habitudes de vie bien ancrées, pendant que l’esprit, lui, s’affaire à repasser
en boucle les scènes du drame et leur déploiement.
Loin d’être pathologique*, l’état second
est en fait une réaction saine et naturelle qui relève de l’intelligence
globale de l’organisme humain, c’est-à-dire à la fois physique et
psychologique. Alors que l’état de choc sert à protéger la personne de l’impact
de l’événement, d’en absorber le coup, l’état second, lui, facilite sa résorption
et son intégration.
Similairement à la dissociation, l’état
second sert une fonction biologique de protection. Il permet à l’être humain d’entamer
le processus du deuil et de transition afin de s’adapter à sa nouvelle réalité.
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*La pathologie survient seulement lorsque
l’écart entre le corps et l’esprit persiste et que la personne s’enlise dans un
état dépressif sans retrouver son état habituel et ses élans les plus profonds.