lundi 11 août 2014

Choc et état second


L’annonce d’une mauvaise nouvelle, la mort d’un proche ou l’arrivée d’une catastrophe par exemples, a l’effet d’un véritable choc sur l’être humain. Saisi par la nouvelle, ébranlé par les événements, du coup, tout semble irréel. Suivant l’initial état de choc et son arrêt du temps, s’installe ensuite un état second. Malgré ses apparences, cet état transitoire relève de l’intelligence même de l’organisme humain et de sa grande capacité d'adaptation.

Il n’est pas question ici de dissociation au sens propre du terme, durant laquelle l’esprit est ailleurs, « détaché » du corps physique, et plus souvent qu’autrement, loin d’une douleur physique ou morale intense. Dans le cas présent, l’état second fait plutôt référence à un état dissociatif de moindre intensité ressenti comme un état de « suspension ».

Comme si l’âme était en retrait, décalée du corps physique, l’état second s’apparente à un déphasage entre le corps et l’esprit durant lequel l’espace-temps prend de l’expansion, d’où cette impression de ralentissement du temps accompagnée d’une sensation de conscience altérée.

Le corps physique, lui, apparaît « éthéré » ou même inhabité. Abasourdi par l’impact de la terrible nouvelle, il subit un réel engourdissement. À l’instar d’une anesthésie, les symptômes physiques habituels (anxieux, dépressifs, somatiques, etc.) sont eux aussi altérés, voire suspendus temporairement.

Muni en quelque sorte d’un « pilote automatique », l’organisme humain maintient ses fonctions de base durant cet état transitoire. Le corps évolue lentement, suivant des réflexes et des habitudes de vie bien ancrées, pendant que l’esprit, lui, s’affaire à repasser en boucle les scènes du drame et leur déploiement.

Loin d’être pathologique*, l’état second est en fait une réaction saine et naturelle qui relève de l’intelligence globale de l’organisme humain, c’est-à-dire à la fois physique et psychologique. Alors que l’état de choc sert à protéger la personne de l’impact de l’événement, d’en absorber le coup, l’état second, lui, facilite sa résorption et son intégration.

Similairement à la dissociation, l’état second sert une fonction biologique de protection. Il permet à l’être humain d’entamer le processus du deuil et de transition afin de s’adapter à sa nouvelle réalité.


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*La pathologie survient seulement lorsque l’écart entre le corps et l’esprit persiste et que la personne s’enlise dans un état dépressif sans retrouver son état habituel et ses élans les plus profonds.