lundi 17 novembre 2014

S’évanouir ou fuir sans courir


Si vous êtes un fan de la série américaine « The Big Bang Theory », vous connaissez alors Sheldon Cooper, ce « sympathique » personnage qui évoque Monsieur Spock (voir Reprendre du poil de la bête).

Extrêmement logique et obsessif, doté d’une mémoire absolue et d’un quotient intellectuel relevant du génie, Sheldon Cooper, similairement à Spock, évite tant bien que mal les émotions humaines, les grands sentiments et, autant que faire se peut, les démonstrations d’affection.

Il ne possède pas non plus l’étoffe d’un battant. Devant l’apparence d’une menace ou d’un stress intense, Sheldon perd systématiquement connaissance.

L’évanouissement, ou la perte de connaissance et de conscience, s’inscrit parmi les réactions automatiques de défense et de protection de l’organisme humain aux côtés du combat, de la fuite et du figement (1). La distinction entre celui-ci et les trois autres mécanismes repose essentiellement sur la branche du système nerveux impliqué. Alors que les réponses de combat, de fuite et de figement sont déclenchées par le système nerveux sympathique, l’évanouissement, pour sa part, relève de sa branche « antagoniste », le système nerveux parasympathique.

Tous deux régis par le système nerveux autonome, le « sympathique » sert foncièrement de système d’activation du corps. En libérant des catécholamines, ou hormones de stress, il conduit l’organisme à une mobilisation accrue de ses ressources, un état interne de haute alerte servant à déclencher une réponse immédiate.

Le « parasympathique », à l’inverse, induit un ralentissement du métabolisme, favorisant plutôt le relâchement de l’organisme. À son apogée, sa « désactivation » est telle que, physiologiquement parlant, tout s’éteint. La personne perd alors conscience, et avec elle, disparaît aussi la menace.

Symboliquement, s’évanouir est également une façon de fuir la réalité sans avoir à courir. Similairement à la mort, cette réponse automatique de défense inflige une déconnexion d’avec le monde externe et la réalité, un débranchement complet de l’organisme, tant du corps que de l’esprit. Chez certains animaux, comme l’opossum par exemple, feindre la mort constitue une stratégie de survie efficace servant à détourner l’attention du prédateur.

En somme, tomber dans les pommes ou tourner de l’œil entraîne la perte totale de connaissance, de conscience et de contrôle, ce qui, clairement, va à l’encontre même de Sheldon Cooper. Expert de l’Univers « entier » et de son fonctionnement, hautement vigilant et particulièrement doué pour contrôler son environnement, Sheldon subit ainsi les forces du corps et de la Nature.

Comme quoi, face au danger, réel ou présumé, nos réactions peuvent sembler contre-nature. Une fois passé toutefois, le naturel revient toujours au galop. 

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(1) Il est important de distinguer l’évanouissement comme mode de défense, c’est-à-dire en réaction à un danger ou stress intense, du malaise résultant d’une maladie ou d’un déséquilibre physiologique comme l’hyperventilation ou l’hyperthermie par exemples. Alors que la conséquence physique s'apparente, la cause, elle, diffère grandement.