Si vous êtes un fan de
la série américaine « The Big Bang Theory », vous connaissez alors Sheldon
Cooper, ce « sympathique » personnage qui évoque Monsieur Spock (voir Reprendre du poil de la bête).
Extrêmement logique et obsessif, doté d’une mémoire absolue et
d’un quotient intellectuel relevant du génie, Sheldon Cooper, similairement à
Spock, évite tant bien que mal les émotions humaines, les grands sentiments et, autant que faire se peut,
les démonstrations d’affection.
Il ne possède pas non plus l’étoffe d’un battant. Devant
l’apparence d’une menace ou d’un stress intense, Sheldon perd systématiquement
connaissance.
L’évanouissement, ou la perte de connaissance et de conscience, s’inscrit parmi les réactions automatiques
de défense et de protection de l’organisme humain aux côtés du combat, de la
fuite et du figement (1). La distinction entre celui-ci et les trois autres mécanismes
repose essentiellement sur la branche du système nerveux impliqué. Alors que
les réponses de combat, de fuite et de figement sont déclenchées par le système
nerveux sympathique, l’évanouissement, pour sa part, relève de sa branche
« antagoniste », le système nerveux parasympathique.
Tous deux régis par le système nerveux autonome, le « sympathique »
sert foncièrement de système d’activation du corps. En libérant des
catécholamines, ou hormones de stress, il conduit l’organisme à une
mobilisation accrue de ses ressources, un état interne de haute alerte servant
à déclencher une réponse immédiate.
Le « parasympathique », à l’inverse, induit un
ralentissement du métabolisme, favorisant plutôt le relâchement de l’organisme.
À son apogée, sa « désactivation » est telle que, physiologiquement
parlant, tout s’éteint. La personne perd alors conscience, et avec elle,
disparaît aussi la menace.
Symboliquement, s’évanouir est également une façon de fuir
la réalité sans avoir à courir. Similairement à la mort, cette réponse
automatique de défense inflige une déconnexion d’avec le monde externe et la réalité, un débranchement complet de
l’organisme, tant du corps que de l’esprit. Chez certains animaux, comme l’opossum
par exemple, feindre la mort constitue une stratégie de survie efficace servant
à détourner l’attention du prédateur.
En somme, tomber dans les pommes ou tourner de l’œil entraîne la perte totale de connaissance,
de conscience et de contrôle, ce qui, clairement, va à l’encontre même de
Sheldon Cooper. Expert de l’Univers « entier » et de son
fonctionnement, hautement vigilant et particulièrement doué pour contrôler son
environnement, Sheldon subit ainsi les forces du corps et de la Nature.
Comme quoi, face au danger, réel ou présumé, nos réactions
peuvent sembler contre-nature. Une fois passé toutefois, le naturel revient toujours au
galop.
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(1) Il est important de distinguer l’évanouissement comme
mode de défense, c’est-à-dire en réaction à un danger ou stress intense, du malaise
résultant d’une maladie ou d’un déséquilibre physiologique comme l’hyperventilation
ou l’hyperthermie par exemples. Alors que la conséquence physique s'apparente, la
cause, elle, diffère grandement.