lundi 9 février 2015

La phrénologie ou la «bosse des maths»


Vous a-t-on déjà dit que vous aviez la « bosse des maths »?

Cette expression du langage trouve son origine dans une théorie populaire qui régnait en Europe et en Amérique au début du 19ième siècle selon laquelle les protubérances du crâne humain révélaient le caractère et les traits dominants d’une personne.

Reconnue comme une science à l’époque, la phrénologie, ou « organologie » à l’origine, a été fondée par le neurologue allemand Franz Joseph Gall à la fin du 18ième siècle. C’est son collègue Johann Caspar Spurzheim qui introduisit la théorie en Amérique.

Selon la thèse phrénologique, chaque faculté humaine se trouve dans une zone spécifique du cerveau. En examinant les bosses sur la tête, les « palpeurs de crâne » (1), comme on appelait ceux et celles qui exerçaient cette pratique à l’époque, pouvaient déceler des tendances fortes ou propensions chez les individus, d’où la « bosse des maths » ou encore des qualités dominantes comme la bonté et la générosité: « Si l'on s'en remet aux phrénologistes, j'aurais fait un bon pasteur (...) j'avais une bosse de la vénération assez développée pour dix prêtres », témoigne Darwin (1809-1882) dans son autobiographie (2).

Qualifiée de « pseudo-science » en 1843, le modèle théorique, malgré de faux postulats, a tout de même ouvert la voie aux spécialisations fonctionnelles des régions cérébrales, une connaissance bien établie aujourd’hui.

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(1) Vous pouvez voir une « palpeuse de crâne » à l’œuvre dans le film La petite histoire du plaisir, version française de « Hysteria » (2012) réalisé par Tanya Wexler.

(2) Darwin, C. (2008). L'autobiographie. Paris: Seuil, p.56. Écrite au cours de l'année 1876, son autobiographie est publiée cinq ans après sa mort.