Aux antipodes
de « triper » (voir Triper, le plaisir viscéral), on retrouve une autre sensation viscérale tout aussi puissante,
mais en revanche dévastatrice, l’écœurement.
Ce phénomène
somatique naît d’abord d’un inconfort,
sorte de malaise intérieur ressenti comme un nœud dans le ventre qui touche l’estomac
et affecte la faim. Même si le besoin physiologique est pourtant présent, le
goût, lui, le désir de manger est complètement anéanti (voir aussi Savourer le moment).
C’est via le nerf vague (1) que le signal
viscéral rejoint également le cœur et la gorge, laissant un goût amer dans la
bouche. Le cœur devient lourd, la respiration superficielle – le mouvement du diaphragme étant entravé –, et la nausée fait son apparition.
D’autres
symptômes physiques, comme la migraine, des crampes abdominales, des
vomissements, des problèmes respiratoires ou digestifs (ballonnements,
constipation, diarrhée, etc.), peuvent également survenir. Un sentiment de
découragement accompagne le soulèvement du cœur et, à ce stade, l’organisme entier
semble paralysé par le profond malaise.
Si celui-ci
persiste et que la situation demeure inchangée, l’écœurement s’installe. Tel un
conditionnement pavlovien, le contact avec l’environnement néfaste à lui seul fera
réapparaître le mal-être et la nausée. Soutenu par un état de lassitude grandissant,
voire dépressif, l’écœurement se transforme rapidement en écœurantite aiguë et l’organisme
humain atteint alors un point de non-retour.
Y
a-t-il un remède contre l’écœurement? Évidemment, les solutions possibles sont soit d’éliminer les facteurs nocifs,
soit de retirer l’individu de l’environnement malsain et nauséabond, ou soit encore
(pourquoi pas tenter le coup) de se blinder complètement contre la situation ou
ces déclencheurs. Mais là attention, car le corps lui, immensément intelligent,
se souvient, et les réactions, voire les soulèvements
du cœur et du corps entier risquent d’être féroces et la révolte virulente.
C’est là
que les fonctions cognitives et rationnelles entrent en jeu et que les trois
grands centres intelligents du corps humain, le ventre, le cœur et la tête, doivent
s’entendre, s’aligner et prendre la bonne décision (voir L’intelligence du cœur et Les deux cerveaux du corps humain).
Car si
le cœur n’y est plus, mieux vaut ne pas l’écœurer.
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(1) Le
nerf vague, comme la majorité des nerfs, des organes et de nombreuses structures
corporelles, est double (voir Les deux font la paire). Les plus étendus du corps humain et principale innervation du système nerveux
parasympathique, les nerfs vagues innervent entre autres l’estomac, le cœur et le
larynx.