lundi 6 juin 2016

L’écœurement

Aux antipodes de « triper » (voir Triper, le plaisir viscéral), on retrouve une autre sensation viscérale tout aussi puissante, mais en revanche dévastatrice, l’écœurement. 

Ce phénomène somatique naît d’abord d’un inconfort, sorte de malaise intérieur ressenti comme un nœud dans le ventre qui touche l’estomac et affecte la faim. Même si le besoin physiologique est pourtant présent, le goût, lui, le désir de manger est complètement anéanti (voir aussi Savourer le moment). 

C’est via le nerf vague (1) que le signal viscéral rejoint également le cœur et la gorge, laissant un goût amer dans la bouche. Le cœur devient lourd, la respiration superficielle – le mouvement du diaphragme étant entravé –, et la nausée fait son apparition. 

D’autres symptômes physiques, comme la migraine, des crampes abdominales, des vomissements, des problèmes respiratoires ou digestifs (ballonnements, constipation, diarrhée, etc.), peuvent également survenir. Un sentiment de découragement accompagne le soulèvement du cœur et, à ce stade, l’organisme entier semble paralysé par le profond malaise. 

Si celui-ci persiste et que la situation demeure inchangée, l’écœurement s’installe. Tel un conditionnement pavlovien, le contact avec l’environnement néfaste à lui seul fera réapparaître le mal-être et la nausée. Soutenu par un état de lassitude grandissant, voire dépressif, l’écœurement se transforme rapidement en écœurantite aiguë et l’organisme humain atteint alors un point de non-retour. 

Y a-t-il un remède contre l’écœurement? Évidemment, les solutions possibles sont soit d’éliminer les facteurs nocifs, soit de retirer l’individu de l’environnement malsain et nauséabond, ou soit encore (pourquoi pas tenter le coup) de se blinder complètement contre la situation ou ces déclencheurs. Mais là attention, car le corps lui, immensément intelligent, se souvient, et les réactions, voire les soulèvements du cœur et du corps entier risquent d’être féroces et la révolte virulente. 

C’est là que les fonctions cognitives et rationnelles entrent en jeu et que les trois grands centres intelligents du corps humain, le ventre, le cœur et la tête, doivent s’entendre, s’aligner et prendre la bonne décision (voir L’intelligence du cœur et Les deux cerveaux du corps humain). 

Car si le cœur n’y est plus, mieux vaut ne pas l’écœurer.

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(1) Le nerf vague, comme la majorité des nerfs, des organes et de nombreuses structures corporelles, est double (voir Les deux font la paire). Les plus étendus du corps humain et principale innervation du système nerveux parasympathique, les nerfs vagues innervent entre autres l’estomac, le cœur et le larynx.