Goûter,
toucher, entendre, voir, sentir… et ressentir.
On
reconnaît depuis belle lurette les phénomènes de la perception et les cinq sens
traditionnels (le goût, le toucher, l’ouïe,
la vision et l’odorat), principalement parce que leurs organes respectifs (la langue,
la peau, les oreilles, les yeux et le nez) sont externes ou tout le moins
visibles à l’œil nu (voir L’œil scientifique).
Pourtant,
cette notion établie depuis Aristote, et donc plus de 300 ans avant notre ère, est
révolue et erronée, car incomplète. Il existe bel et bien d’autres formes de captation
sensorielle, tout aussi essentielles au bon fonctionnement de l’organisme
humain, mais beaucoup plus subtiles celles-là, comme la proprioception, permettant
de s’orienter dans l’espace-temps, de se mouvoir, la thermoception, décelant la
chaleur et les changements de température, ou encore le ressenti (voir aussi Le 6ième sens, une question de perception).
En
effet, l’être humain est doté d’une perception kinesthésique relevant de propriétés
dites somesthésiques, c’est-à-dire de la sensibilité du corps, qui permet, similairement
aux requins (1), de détecter les variations
présentes dans son environnement tant interne qu’externe. À l’instar du
baromètre, le corps agit comme un vibrant instrument de mesure du milieu ambiant,
capable de sentir, de ressentir et de traduire ces stimuli afin de les
transmettre au système nerveux central sous forme d’influx nerveux. La
captation de ces infimes fluctuations constitue le ressenti.
Alors
que les mécanismes qui sous-tendent la perception par le ressenti demeurent à
être clairement identifiés, ceux-ci apparaissent intimement liés à l’intuition,
un savoir intime, intangible et pourtant bien réel, régie par le ventre, plus
précisément par les tripes, les viscères et certains nerfs conducteurs comme
les nerfs vagues et pelviens.
On
reconnaît en effet l’intestin comme le « deuxième cerveau » du corps humain, produisant 95% de toute la sérotonine présente dans le corps, une neurohormone
entre autres impliquée dans les rythmes circadiens et divers troubles mentaux
comme la dépression et la schizophrénie. Cette découverte a provoqué un
véritable essor dans les domaines de la neuro-gastro-entérologie cherchant une
explication à l’importante présence du neurotransmetteur dans les parois intestinales,
en plus d’éclaircir les mécanismes autorégulateurs du système nerveux entérique
(voir Les deux cerveaux du corps humain).
Par
ailleurs, comme tous les autres sens, le ressenti possède lui aussi son expérience
sensorielle optimale, triper (voir Triper, le plaisir viscéral).
Ressentir
constitue notre 6ième sens, et la sensibilité qu’elle exige une
forme d’intelligence (voir aussi L’hypersensibilité).
Il est
temps de remettre les pendules à l’heure.
Nota bene - Pour plus d’informations
concernant le ressenti, vous pouvez également consulter l’article de la même
auteure Le mouvement des émotions et la climatologie des corps.
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(1)
Munis d’ampoules de Lorenzini, les requins peuvent déceler les changements de
température ainsi que les variations électromagnétiques présentes dans leur environnement,
notamment celles émises par les muscles des créatures vivantes.