On
répertorie des milliers d’espèces d’abeilles différentes. Alors que certaines vivent
en solitaire, d’autres, les abeilles sociales, œuvrent en groupe, une colonie
laborieuse et démocratique.
Au
sein de cette société matriarcale, où trônent une reine et des femelles affairées,
chaque abeille a un rôle à jouer. Afin de s’organiser et d’exécuter leurs
tâches respectives, les abeilles, pour communiquer entre elles, dansent.
Cette complexe
et ô combien captivante communication non-verbale, mise en lumière par l’éthologue d’origine autrichienne Karl von
Frisch (1886-1982) (1) démontre toute l’ingéniosité des abeilles et de la
Nature.
Que se
soit pour partager des informations concernant une source de nourriture (nectar et
pollen) ou encore une nouvelle localisation pour la colonie, un mouvement
collectif d’émigration appelé essaimage, on distingue deux types de danse, la
ronde et la danse frétillante (2), déterminée selon la distance du butin.
Fascinantes,
ces danses, dont les composantes contiennent des informations précises quant à
la distance, la direction (l’angle par rapport au soleil) et la concentration de
sucre ou la qualité du nouvel emplacement - tout cela en tenant compte des
détours et du facteur éolien qui ralentissent la progression des abeilles vers
leur destination! -, ne sont pas vues
par les autres abeilles, mais bien senties et ressenties.
En
effet, la ruche étant plongé dans l’obscurité et leur sens de l’odorat
hautement aiguisé, c’est grâce à leurs antennes, organes olfactifs des abeilles,
que les congénères perçoivent le parfum capturé à la source par la danseuse et
conservé dans son jabot. À partir de l’intensité de ses frétillements, de ses
vibrations, des sons émis et de l’odeur répandue durant sa prestation, les réceptrices
du message, butineuses et éclaireuses, sont alors en mesure de repérer le lieu
d’intérêt.
Fait
intéressant, dans le cas d’un essaimage, essentiellement le « déménagement »
de la colonie avec la reine, chaque éclaireuse ira visiter les sites potentiels
avant d’en arriver à un consensus.
Disons
que les êtres humains, dont la survie dépend notamment d’elles (3), ont encore beaucoup
à apprendre de la coopération des abeilles.
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(1) Prix
Nobel de physiologie ou médecine en 1973, partagé avec Konrad Lorenz et
Nikolaas Tinbergen, et auteur de Vie et
mœurs des abeilles (1927; Éditions Albin Michel, 2011).
(2) Visionnez
la danse frétillante d'une abeille.
(3) La
pollinisation et la fertilisation des fruits et des légumes reposent en grande
partie sur les abeilles dont la survie est pourtant menacée depuis quelques
décennies en raison des pesticides systémiques utilisés dans la monoculture. La
disparition accrue des colonies d’abeilles affecte tous les continents et met
en péril l’agriculture, et donc la survie de l’espèce humaine dont 33% de la
nourriture serait attribué au travail des abeilles. Pour en savoir davantage
sur le sujet, ne manquez pas de visionner des documentaires comme Vanishing of the Bees
(2011), Queen of the Sun
(2011), ou encore de vous renseigner sur le syndrome d’effondrement des
colonies d’abeilles (en anglais CCD – Colony
Collapse Disorder).