Le
corps est un puissant outil d’expression. C’est grâce au corps physique que
nous parvenons à parler, à gesticuler, à jouer, à danser, bref, à communiquer
avec les autres, à partager nos pensées, nos émotions, nos sentiments, et même à
raconter des histoires, sublimant ainsi la nôtre.
À un
point tel que ce qui n’est pas exprimé demeure dans le corps, les tensions se
transformant en symptômes physiques et psychologiques. Dite psycho-corporelle
ou psychosomatique, c’est aussi là une forme d’expression (ex-pression) (voir Le psychosomatique n’est pas dans la tête). Somme toute, les accumulations finissent toujours par voir le jour
que se soit sous forme de mots, de larmes ou de maux (voir aussi Les trop-pleins intérieurs et Larmes et gamme d’émotions).
Servant
d’entraves à cette expression, il existe de nombreux mécanismes de défense comme
le déni, le refoulement ou la contention, par exemples. L’un d’eux, un fascinant
phénomène somatique observé maintes fois en milieu clinique, consiste à lutter
contre l’écoulement naturel des larmes naissantes jusqu’à ce que celles-ci disparaissent
complètement. Ravaler ses larmes est un élan du corps avorté, une interruption
des réactions naturelles du corps.
Généralement
initié par un toussotement, un subtil raclage de la gorge et l’usage, parfois
excessif, de la parole, cette résistance fait appel à la rationalisation, aux fonctions
cognitives et rationnelles comme les centres du langage notamment, afin de mieux
balayer les émotions montantes et étouffer le ressenti.
Pour
plusieurs, ce refus de pleurer est lié à une interdiction parentale, celle de
se montrer vulnérable devant les autres. Les « cesse de pleurnicher »
ou « vas pleurer dans ta chambre » encouragent non seulement la
répression des émotions et l’isolement, mais signalent par surcroît que toute
forme d’expression des émotions est répréhensible.
Perçues
comme des « têtes fortes » ou même des « entêtées », ces
personnes tiennent mordicus « à
tenir bon » devant les autres, à n’afficher aucune faiblesse, aucun signe
de vulnérabilité. Pourtant, si la douleur est humaine, la vulnérabilité l’est
tout autant.